Octave COURTIN
Hydres
printemps-été 2022

Né en 1991, Octave Courtin vit et travaille à Paris. Il est diplômé de l’Ecole Européenne Supérieure d’Art de Bretagne (EESAB), Rennes, 2016. Il a participé en 2020 à la première Biennale Artpress des jeunes artistes, « Après l’Ecole » (Ecole d’Art et Musée des Beaux-Arts de Saint-Etienne).

La longue « rêverie oeuvrante » * que l’Europe a entretenue depuis l’antiquité à propos des machines musicales liées aux « forces mouvantes » (air, eau, feu) ne pouvait que réapparaître aujourd’hui, entre arts plastiques et musique, construction et performance. Les dispositifs plastiques et sonores d’Octave Courtin incarnent un lieu mouvant, animé par des forces et des flux, où l’artiste fait corps avec l’oeuvre -aussi mécanique soit-elle- selon le principe de la chimère. En attente d’activation, de jeu, de mouvement, de production sonore, voici donc ces Hydres, dressées dans l’espace comme des formes sans nom et cependant vivantes. Les décisions de l’artiste-performeur ouvrent alors le cercle d’une expérience partagée.

Le rayonnement même des pièces, des machines et des dispositifs, fabriqués par Octave Courtin, s’étend bien au-delà de leurs formes spécifiques, lesquelles, cependant, dans leurs dimensions biomorphiques et strictement dynamophores (porteuses de forces), semblent toujours déborder l’image ou la création plastique plastique elle-même et ses formes stabilisées. Pressions, fluides, flux, circulation de l’air et de l’eau : non que l’oeuvre soit inachevée mais bien plutôt qu’elle relève d’une expérience partagée. Il n’y a donc pas d’évidence de l’oeuvre exposée, laquelle, s’apparente à un assemblage en attente, possédant souvent une inquiétante présence. La « rêverie oeuvrante » d’Octave Courtin – pour reprendre la belle formule de Gaston Bachelard – est une « action impatiente d’agir sur le monde » *. [*Gaston Bachelard, « Le cosmos de fer », in Le droit de rêver, Paris, PUF, 1970]

Dans la phénoménologie des images et des espaces de Bachelard, le « pressentiment » est une approche enrichie de l’oeuvre, liée à la « pré-audition » et au sentiment que « le moindre bruit prépare une catastrophe » ou que « murmures et fracas sont contigus », car « les poètes nous font souvent entrer dans le monde des bruits impossibles »*.
[*Gaston Bachelard, « Le cosmos de fer », in Le droit de rêver, Paris, PUF, 1970]

Le « pressentiment », le « murmure », le « fracas » sont des figures de style qui se manifestent lors de la mise en son des hydres, à l’occasion des performances musicales de l’artiste. La dimension feuilletée de la masse sonore et la clarification des phases expansives et des phases compressives évoquent très directement les rythmes respiratoires déjà inclus dans les mécanismes pneumatiques et hydrauliques des dispositifs. En sorte que le sentiment même de la circulation vitale demeure omniprésent et gagne le public en produisant son inclusion dans le cercle des hydres.

« Hydres »
02.07.2022>24.07.2022 : exposition de sortie de résidence. Concerts-performances lors du vernissage, puis le 14 et le 24 juillet 2022.

EDITION : Les cahiers / n°24 Octave Courtin – Sommaire : Michel Cegarra, « Respirer le monde. Présence d’Octave Courtin« , suivi de : « Crever les ballons. Pureté du Haïku » et de : « Portrait de l’artiste en mécanicien. Le flux, les forces, les formes » – Octave Courtin – Les images – Format A5, dos carré, 68 pages, 17 illustrations couleurs, édition DomaineM, juillet 2022 – 10€. Disponible.